Le mardi 30 avril, au cours de la campagne d’évangélisation du Buisson Ardent, le curé de la paroisse universitaire Saint Albert Le Grand de la Rotonde, abbé Anatole TIENDRBEOGO a appelé les chrétiens catholiques à rejeter les contraceptifs artificiels pour les méthodes naturelles de régulation des naissances. Cet appel, permanent de l’Eglise, semble s’accentuer depuis quelque temps, suite à la décision du gouvernement burkinabé de rendre gratuit les produits contraceptifs en vue de réduire les naissances.

C’est la deuxième fois en l’espace d’une dizaine jours que l’Abbé Anatole TIENDREBEOGO, curé de la paroisse universitaire St Albert le Grand de la Rotonde, s’adresse aux fidèles catholiques sur la question de la dividende démographique et la gratuité des produits contraceptifs qui l’accompagnent. Ces adresses se sont tenues à l’occasion de la campagne nationale d’évangélisation du renouveau charismatique de l’université de Ouagadougou, Buisson Ardent, structure relevant de sa paroisse. Ce 30 avril à la clôture de ladite campagne, devant un parterre d’environ 10 milles personnes réunies à la Cathédrale Notre Dame de l’Immaculée Conception de Ouagadougou, le prêtre a encore fustigé cette décision du gouvernement qu’il qualifie de génocidaire et dicté par l’occident. « On nous dit vous êtes trop nombreux, vous êtes pauvres. Pour que vous puissiez quitter la pauvreté, il faut diminuer le nombre de vos enfants ». Et pour cela, les occidentaux sont prêts à injecter des millions d’euros et de dollars, tel qu’ils l’on fait en Europe et en Amérique dans les années 1950. En effet, un large programme de planification familiale, avait été mis en œuvre amenant les familles à limiter les naissances à deux ou trois enfants. L’idée était qu’en 2020, la population mondiale serait incontrôlable, donc il faut réduire les naissances. Dans son rôle de prophète, avec plus de trente ans de sacerdoce, Abbé Anatole interpelle son peuple sur le problème de morale qui se pose dans cette idée. « L’homme est un problème, l’enfant qui était vu comme un dont de Dieu, est devenu une bouche à nourrir, donc un problème », s’indigne le curé. Le prêtre ne s’insurge pas contre la limitation des naissances, mais les méthodes artificielles promues par les gouvernants. « Il est normal que chaque famille puisse gérer sa fécondité conformément à son revenu et à ses capacités. Mais, cela se fait par des moyens naturels mis en place par le Créateur. C’est ce que L’Eglise appelle une paternité et une maternité responsables » a-t-il indiqué.
Le paradoxe Macron
Mais la méthode naturelle proposée par l’Eglise a été jugée inefficace et remplacée par l’utilisation des produits artificiels. Ironie du sort, les pays occidentaux qui ont appliqué ces méthodes dans les années 1950 expérimentent aujourd’hui le déficit de population. En témoigne le retour à la dynamique de natalité promue par le Président français Emmanuel MACRON, qui, il y a seulement deux ans considérait que les africains faisait trop d’enfants, et les invitait à réduire leur taux de natalité. En effet, le 26 avril dernier le Président français Emmanuel MACRON déclarait que « Nos familles (parlant des familles françaises), qui se sont progressivement transformées ces dernières années, n’ont pas le visage des familles françaises d’il y a vingt ans ». Il a ajouté vouloir retrouver « une dynamique de notre natalité », sans plus de détail », peut-on lire sur le site de BFTV. Pour étayer ses propos, le curé de la paroisse universitaire cite l’exemple de la Chine qui a pendant longtemps pratiqué la politique de l’enfant unique. Dans cette politique, l’avortement était autorisé au cas où l’enfant attendu était une fille. « Aujourd’hui en Chine, on se retrouve avec un grand nombre de jeunes gens (hommes) en âge de se marier et qui ne trouve pas de femmes. », poursuit celui-là même qui enseigne également la philosophie et la théologie. Pour lui, chaque population est appelée naturellement à se renouveler par génération de trente à quarante ans. En se projetant le Burkina Faso dans les quarante ans à venir, il trouve qu’avec ce programme, la population active sera moins nombreuse et devra supporter les personnes du troisième âge qui seront plus nombreuses. Alors les africains connaitront le déficit de population active que vivent des pays comme le Canada, la France et l’Allemagne entre autres.
Des témoignages accablants
Le pire pour le curé serait la qualité des produits utilisés comme contraceptifs. Selon des témoignages de religieuses infirmières, rapportés par l’abbé Anatole, les contraceptifs seraient la cause de cancers, de plusieurs autres maladies génitales, de malformations congénitales, naissance d’enfants autistes, et même la stérilité. Il accuse des Organisations non gouvernementales (ONG) d’être à l’origine de ce génocide programmé. Des ONG telles Maries Stop interdites dans plusieurs pays comme le Ghana et le Niger exercent en toute quiétude au Burkina Faso bien que pratiquant l’avortement, interdit par nos lois. L’on se souviendra qu’au défilé entrant dans le cadre de la célébration de la fête nationale le 11 décembre dernier à Manga, tout le ministère de la Santé a été représenté par la seule ONG Maries Stop, preuve qu’elle occupe une place importante dans la politique burkinabé. Ces ONG vont jusqu’à administrer de contraceptifs à des enfants sans leur consentement, encore moins celui de leurs parents, témoigne le prêtre.
Conspiration du silence
Le drame c’est que les administrées ignorent les conséquences réelles de ces produits sur leur santé. Le personnel de santé qui administre ces produits sont contraints au silence. « Les femmes qui ont osé conseiller les méthodes naturelles de régulation des naissances à la place des produits ou qui ont évoqué les conséquences néfastes ont reçu des menaces ».
Accompagnateur de couples, le curé n’impose la méthode de L’Eglise à personnes. Il a insisté sur la liberté de choix. « Chacun est libre de choisir » et d’assumer. Malgré les persécutions qu’elle subit, l’Eglise continuera de parler, car elle n’agit que pour le bien de l’homme et de tout l’homme at-il ajouté.
A chacun sa conscience morale
Ce n’est pas la première fois que l’Eglise catholique au Burkina Faso fustige cette politique. L’an dernier à la même occasion, au stade du 4 août, c’était l’Abbé Blaise BICABA qui appelait les chrétiens à renoncer à ces produits. Bien avant, un autre prêtre l’Abbé Jean Emmanuel KONVOLBO, directeur de l’école de formation théologique pour laïcs, publiait un livre sur les non-dits de la contraception artificielle. D’autres prêtres au cours des homélies continuent de dissuader les chrétiens sur les mensonges véhiculés à travers cette politique. En 2018, le ministère de la santé avait émis un projet de lois sur l’interruption volontaire de grossesse médicalement assistée. Mais face à la réaction de la population, et surtout des structures religieuses, elle a renoncé à son projet. Dans ce cas-ci, le constat est que ces ONG « génocidaires » pour reprendre l’exemple de l’Abbé Anatole, emploient du personnel bien rémunéré, parmi lesquelles, des chrétiens catholiques. Que doivent-ils faire devant l’enseignement moral de L’Eglise et face aux projets bien financés ? L’Abbé Anatole n’est pas passé par quatre chemins pour donner sa réponse : « Chacun répondra de son acte devant Dieu ». Il a insisté sur le fait que l’Eglise ne changera pas sa position, car « on ne va pas réécrire la Bible » a martelé le théologien.